Le projet de data center aux Pennes-Mirabeau : une implantation stratégique mais controversée
La zone d’activités des Sybilles, située aux Pennes-Mirabeau près de Marseille, s’apprête à accueillir un data center d’envergure, couvrant six hectares avec huit bâtiments colossaux. Porté par Telehouse, un acteur majeur japonais spécialisé dans les data centers internationaux, ce projet n’est pas simplement un investissement infra-technologique. Il s’incruste dans un contexte régional où Marseille s’impose comme un hub numérique de rang mondial, notamment grâce aux 18 câbles sous-marins en fibre optique qui convergent vers la métropole. Ces infrastructures sont vitales pour donner accès à Internet à des milliards d’utilisateurs.
Ce data center s’inscrit donc dans une dynamique mondiale d’expansion des infrastructures numériques, notamment pour supporter la croissance exponentielle des besoins en puissance de calcul liée à l’émergence continue de technologies basées sur l’intelligence artificielle. Malgré l’intérêt économique évident, le projet suscite d’importantes crispations au sein de la population locale et des associations environnementales. À la lumière de cette opposition, il est indispensable d’explorer en profondeur les enjeux, tant techniques qu’environnementaux, qui entourent cette construction.
Les critiques pointent principalement vers la consommation énergétique abyssale annoncée, estimée à 72 MW par an, ce qui est susceptible de transformer la zone en un îlot de chaleur conséquent. Au-delà de l’impact thermique, les questions relatives à la pollution atmosphérique et à la dégradation qualitative de vie des habitants voûtent le débat politique et social. Malgré cela, les autorités locales voient dans ce projet une source d’attractivité financière et d’emplois hautement qualifiés. Le maire Michel Amiel souligne l’approvisionnement intégral en électricité décarbonée comme un argument clé pour réduire l’empreinte carbone du site.
Le défi environnemental de ce data center rappelle d’autres projets récents en France et à l’échelle internationale, tels qu’à Bouc-Bel-Air, Papeete, ou Béthune, où la polémique sur la consommation énergétique et l’impact écologique demeure prégnante. Des industriels comme OVHcloud, Equinix, Microsoft Azure, Amazon Web Services (AWS) et Google Cloud sont également au cœur de cette expansion mondiale, confrontés à des exigences toujours plus élevées en matière d’efficacité énergétique. Par ailleurs, les fournisseurs d’énergie comme EDF, Orange, TotalEnergies et les entreprises spécialisées telles que Schneider Electric sont sollicitées pour innover vers des solutions durables.
| Critères | Description | Conséquences |
|---|---|---|
| Surface | 6 hectares avec 8 bâtiments | Occupation importante du territoire et changement du paysage urbain |
| Consommation électrique | 72 MW/an | Forte demande énergétique et risque d’îlot de chaleur |
| Localisation | Zone industrielle des Sybilles, proche autoroute et aéroport | Pollution cumulée et accentuation des nuisances pour les riverains |
| Propriétaire | Telehouse (groupe japonais) | Expertise internationale dans les data centers |

L’impact thermique et la problématique des îlots de chaleur induits par les data centers
Les data centers génèrent une quantité considérable de chaleur en raison des serveurs fonctionnant en continu. Cette chaleur, souvent considérée comme un sous-produit non exploité, contribue localement à l’augmentation des températures ambiantes, notamment lorsque l’infrastructure est massive comme le projet prédit aux Pennes-Mirabeau. L’effet d’îlot de chaleur urbain se matérialise par une température notablement plus élevée qu’en milieu rural ou non industrialisé, exacerbant les conditions climatiques locales, surtout durant les épisodes de canicule.
Dans des zones déjà vulnérables comme celle des Sybilles, où la concentration d’émissions polluantes liées à la proximité de l’autoroute et de l’aéroport est forte, ce phénomène pourrait détériorer significativement le confort thermique des riverains, aggravant les effets sanitaires liés à la qualité de l’air. L’Agence Régionale de Santé (ARS) a précisément relevé que les émissions pourraient dépasser les valeurs guides de l’Organisation Mondiale de la Santé en dioxyde d’azote (NO2), un polluant dangereux.
Pour pallier ce risque, il est envisageable d’intégrer des solutions technologiques innovantes de refroidissement, telles que les systèmes de refroidissement liquide, d’exploitation de sources froides naturelles (comme l’eau de mer ou les aquifères) ou encore la récupération de chaleur pour alimenter des systèmes de chauffage urbain. Ces stratégies sont déjà mises en œuvre dans certains centres exemplaires en Europe et en Asie, avec des réductions significatives de la température ambiante et une baisse notable de l’empreinte carbone.
Néanmoins, le déploiement de ces technologies nécessite un investissement conséquent et une planification territoriale rigoureuse. Sans optimisations, le data center projeté risque bien de devenir un foyer thermique important, aggravant la situation locale. Pour le public et experts, il est essentiel que le projet intègre des indicateurs environnementaux stricts et des mécanismes de surveillance continue de la qualité de l’air et de la température locale.
| Sources de chaleur | Conséquences environnementales locales | Solutions de refroidissement possibles |
|---|---|---|
| Serveurs fonctionnant 24h/24 | Augmentation des températures urbaines, effet îlot de chaleur | Refroidissement liquide, récupération de chaleur, exploitation eau naturelle |
| Émissions de NO2 liées aux générateurs et installations auxiliaires | Nuisance sanitaire, dépassement normes OMS | Optimisation des moteurs, filtres à particules, planification urbaine intégrée |
Consommation électrique démesurée : quelles solutions pour un approvisionnement durable ?
Avec un besoin estimé à 72 MW par an, la construction du data center aux Pennes-Mirabeau positionne cette installation parmi les plus énergivores du territoire français. Cette voracité électrique soulève de nombreuses interrogations sur la manière dont cette énergie sera produite et distribuée sans dégrader davantage l’empreinte carbone nationale.
Le maire assure que l’électricité employée sera 100% décarbonée, un argument essentiel compte tenu des engagements français et européens en matière de transition énergétique. Toutefois, cela implique une coordination complexe avec des acteurs comme EDF et TotalEnergies pour garantir un approvisionnement stable et renouvelable, face à la demande à la fois croissante des infrastructures numériques et des autres secteurs industriels ou domestiques.
Par ailleurs, le recours à des technologies de pointe en matière de gestion énergétique devient incontournable. Schneider Electric est un des leaders dans ce domaine, proposant des solutions d’automatisation et d’efficacité énergétique qui permettent de réduire la consommation via des systèmes intelligents de refroidissement, de pilotage en temps réel des serveurs et une meilleure intégration des énergies renouvelables.
Ces stratégies sont déjà valorisées par des entreprises telles que Microsoft Azure, Amazon Web Services (AWS) ou Google Cloud, qui investissent massivement dans des data centers verts, parfois alimentés par des parcs solaires ou éoliens dédiés. La durabilité énergétique n’est plus une option mais une nécessité impérative, et le futur data center des Sybilles devra démontrer comment il s’inscrit dans cette logique.
| Paramètre | Solution potentielle | Exemple d’acteur |
|---|---|---|
| Production d’énergie | Électricité 100% renouvelable (éolien, solaire, hydraulique) | EDF, TotalEnergies |
| Gestion énergétique | Automatisation du refroidissement, pilotage intelligent | Schneider Electric |
| Optimisation IT | Virtualisation, serveurs basse consommation | Microsoft Azure, AWS, Google Cloud |
Impacts environnementaux au sens large : pollution et ressources en eau
Au-delà de la consommation électrique et de la production thermique, le data center des Pennes-Mirabeau pose des questions quant à la pollution atmosphérique et à l’utilisation des ressources naturelles, notamment l’eau. En mars 2025, plusieurs études environnementales ont indiqué que la région est déjà fragilisée par des niveaux élevés de polluants liés à la circulation routière et aux activités aéroportuaires.
Les systèmes de refroidissement des data centers traditionnels requièrent parfois d’importantes quantités d’eau pour fonctionnner efficacement. Or, la pénurie d’eau et la préservation des ressources hydriques deviennent des priorités en France, comme le souligne une enquête récente sur leur impact dans d’autres régions européennes confrontées à un usage intensif par les infrastructures numériques.
L’innovation technologique peut cependant apporter des réponses. Certains centres à travers le monde s’orientent vers des solutions de refroidissement basées sur l’air, parfois couplées à des systèmes de récupération et recyclage des eaux usées. Enfin, l’obligation d’une évaluation environnementale complète par l’ARS reste déterminante pour anticiper et réduire les risques.
| Aspect environnemental | Risque identifié | Mesure d’atténuation |
|---|---|---|
| Emissions atmosphériques | Dépassement des normes en dioxyde d’azote (NO2) | Filtres, limitation des générateurs polluants |
| Consommation en eau | Usage intensif pour refroidissement | Refroidissement par air, recyclage des eaux |
Les enjeux sociaux et économiques face à la contestation locale
Ce projet suscite une vive réaction des riverains et des associations, telles que « Bien vivre aux Pennes-Mirabeau », qui dénoncent un double problème : l’absence d’information claire et transparente en amont, ainsi que les impacts néfastes sur leur qualité de vie. L’équation est d’autant plus complexe que la zone d’implantation est déjà une zone « chargée » en nuisances sonores, pollutions et trafic élevé.
Les critiques évoquent également le risque de dévalorisation des zones environnantes et craignent que l’îlot de chaleur ne transforme ce secteur en un lieu difficilement fréquentable. Paradoxalement, malgré le faible nombre d’emplois à créer (estimé à quelques dizaines), ces derniers seront techniquement très spécialisés, mettant en avant un aspect attractif pour l’économie locale et nationale, souligné par le maire Michel Amiel.
La gestion de ce paradoxe requiert une concertation étroite entre la municipalité, les promoteurs du projet et la population. La consultation publique lancée récemment, à laquelle les habitants sont invités à participer, marque une opportunité de dialoguer sur les modalités d’implantation et les garanties environnementales à instaurer.
| Critère | Position des riverains | Arguments de la municipalité |
|---|---|---|
| Transparence de l’information | Défaut d’information initiale | Lancement d’une consultation publique |
| Impact environnemental local | Nuisances, îlot de chaleur, pollution atmosphérique | Utilisation d’électricité décarbonée, contrôles ARS |
| Retombées économiques | Peu d’emplois, valeur foncière affectée | Emplois qualifiés, recettes fiscales |
La responsabilité des grands acteurs du cloud et leurs stratégies de durabilité
À l’échelle mondiale, les géants du cloud comme Amazon Web Services, Google Cloud, Microsoft Azure, mais aussi OVHcloud et Equinix s’efforcent d’intégrer des standards de durabilité dans leurs projets de data centers. Ces entreprises investissent dans des infrastructures à faible consommation énergétique, privilégient le recours massif aux énergies renouvelables et développent des technologies de refroidissement innovantes, conformément aux engagements ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance).
Le défi reste de taille face à la croissance explosive des services en ligne, exacerbée par le développement de l’intelligence artificielle. Le think tank européen qui analyse la transition énergétique numérique alerte d’ailleurs sur une possible multiplication par trois de la consommation électrique des data centers mondiaux d’ici 2030, si aucune « trajectoire plafond » n’est rigoureusement définie.
Dans ce contexte, la montée en puissance de fournisseurs d’énergie verts tels que EDF et TotalEnergies, associés à des acteurs technologiques comme Schneider Electric, devient centrale. La capacité de ces acteurs à conjuguer performance technique et responsabilité environnementale conditionnera l’avenir des infrastructures numériques, notamment face aux critiques de groupes de défense de l’environnement comme Greenpeace.
| Entreprise | Initiatives environnementales | Objectif pour 2030 |
|---|---|---|
| Amazon Web Services | 100% énergie renouvelable, centres de données verts | Neutralité carbone |
| Google Cloud | Intelligence artificielle optimisant la consommation | Opération sans émissions carbone |
| Microsoft Azure | Refroidissement liquide, énergies renouvelables | 5 ans en avance sur objectifs climatiques |
| OVHcloud | Data centers localisés et refroidissement naturel | Réduction impact carbone |
Les data centers face aux défis globaux de consommation énergétique, politique et sociale
Le boom des infrastructures destinées à supporter l’intelligence artificielle et l’explosion des données numériques entraîne une pression sans précédent sur les réseaux électriques, les ressources hydriques et la gestion urbaine. Si la France bénéficie de ressources énergétiques renouvelables plus importantes que d’autres pays, elle n’en est pas moins confrontée à des décisions complexes autour des implantations industrielles à fort impact.
À l’image de ce projet aux Pennes-Mirabeau, plusieurs dossiers similaires émergent, comme celui à Bouc-Bel-Air consultation publique à Bouc-Bel-Air, ou encore celui à Papeete inauguration en Polynésie française. Ces projets révèlent la tension entre le développement numérique et la protection environnementale, et soulignent la nécessité d’une gouvernance intégrée combinant innovation technologique, acceptabilité sociale et planification territoriale énergétique.
Les collectivités locales sont désormais invitées à prendre le leadership sur ces enjeux, en associant industrie, experts indépendants et société civile, pour créer des trajectoires durables. Cette démarche devra également s’appuyer sur les avancées en cybersécurité, un enjeu indissociable à la confiance numérique. En effet, la cybersécurité et la renforcement des capacités cloud sont des conditions sine qua non pour sécuriser les investissements lourds dans les infrastructures.
| Enjeux | Solutions? | Exemples et références |
|---|---|---|
| Consommation énergétique excessive | Énergies renouvelables, optimisation IT | Projets green data centers, initiatives EDF, Schneider Electric |
| Acceptabilité sociale | Consultations publiques, transparence | Projet Pennes-Mirabeau, Bouc-Bel-Air |
| Gouvernance | Partenariats public-privé, réglementation environnementale | Engagement des collectivités et acteurs privés |
Perspectives techniques et innovations pour transformer les data centers en infrastructures durables
L’avenir des data centers se profile vers des modèles beaucoup plus écologiques, grâce à des innovations qui révolutionnent la gestion énergétique et la réduction des impacts environnementaux. Tout d’abord, la généralisation des serveurs à haute efficacité énergétique et la virtualisation réduisent le nombre de machines physiques nécessaires.
D’autres technologies émergent, comme l’utilisation de systèmes de refroidissement par immersion, qui plongent les serveurs dans des liquides non conducteurs, éliminant la nécessité de ventilation mécanique. Par ailleurs, le machine learning est appliqué pour optimiser en temps réel la consommation énergétique, en adaptant la puissance selon la demande et la température ambiante.
Un dernier axe capital réside dans la revalorisation de la chaleur perdue. Plusieurs projets pionniers recyclent la chaleur produite pour alimenter des réseaux de chaleur urbains ou chauffer des bâtiments environnants, réduisant ainsi significativement les pertes énergétiques.
Ces méthodes sont déjà appliquées par des sociétés avancées telles que Azur Datacenter à Béthune ou explorées dans des milieux extrêmes comme le premier data center sous-marin inaguré par la Chine ci-dessus.
| Innovation | Bénéfices | Exemple |
|---|---|---|
| Refroidissement par immersion liquide | Réduction drastique de la consommation électrique de refroidissement | Microsoft Azure |
| Machine learning pour gestion énergétique | Optimisation automatique et en temps réel | Google Cloud |
| Récupération de chaleur industrielle | Réduction des pertes énergétiques, création de valeur territoriale | Azure Datacenter, projets en Scandinavie |
La mobilisation citoyenne et environnementale autour des data centers : un garde-fou nécessaire
Alors que la pression pour construire toujours plus de data centers s’amplifie sous l’effet conjugué de la digitalisation et de l’intelligence artificielle, les voix critiques deviennent plus fortes, à l’image des initiatives de Greenpeace qui appellent à une régulation stricte de ces infrastructures énergivores. Dans plusieurs régions où les projets sont avancés, notamment à Marseille et ses environs, les associations telles que Bien vivre aux Pennes-Mirabeau militent pour une plus grande transparence et la prise en compte réelle des impacts sanitaires et environnementaux.
Le rôle des citoyens s’avère crucial pour inciter les acteurs publics et privés à mettre en oeuvre des solutions durables. L’organisation des consultations publiques permet de rééquilibrer les débats, de faire entendre les riverains et de co-construire le développement technique avec les préoccupations locales. Cette dynamique est observée également dans d’autres territoires, où des consultations similaires ont permis d’intégrer un volet social plus marqué dans la conception et l’exploitation des data centers.
En parallèle, de nouveaux modèles économiques explorent le concept d’économie circulaire appliquée aux centrales de données, où le gaspillage énergétique est transformé en opportunités pour l’environnement et le tissu territorial.
| Acteur | Rôle dans la mobilisation | Impact attendu |
|---|---|---|
| Associations locales | Vigilance, information, mobilisation citoyenne | Meilleure acceptation des projets, garanties environnementales renforcées |
| Greenpeace | Activisme environnemental mondial | Sensibilisation globale sur la transition énergétique numérique |
| Municipalités | Organisation de consultations publiques | Dialogue social institutionnalisé |
Qu’est-ce qu’un data center et pourquoi sont-ils énergivores ?
Un data center est une infrastructure qui héberge et traite des données numériques. Ils sont énergivores principalement en raison des équipements informatiques sollicités en permanence et des systèmes de refroidissement nécessaires pour maintenir les serveurs à des températures optimales.
Quels sont les principaux risques environnementaux liés à ce projet de data center ?
Les principaux risques sont l’augmentation de la consommation électrique susceptible de générer un îlot de chaleur, la pollution de l’air notamment en dioxyde d’azote, et la forte consommation en eau pour les systèmes de refroidissement.
Comment les data centers peuvent-ils réduire leur impact environnemental ?
En utilisant des sources d’énergie 100% renouvelables, en optimisant la gestion énergétique via des technologies avancées, en employant des systèmes de refroidissement innovants, et en récupérant la chaleur produite pour d’autres usages.
Quelle est l’importance de la consultation publique dans ce type de projet ?
La consultation publique permet aux riverains et parties prenantes d’être informés, de faire part de leurs inquiétudes et de proposer des solutions, garantissant ainsi une meilleure acceptabilité sociale et un respect des normes environnementales.
Quel rôle jouent les grandes entreprises du cloud dans la durabilité des data centers ?
Elles investissent massivement dans des infrastructures plus écologiques, en privilégiant l’énergie renouvelable, en innovant dans les technologies de refroidissement et en optimisant la consommation énergétique pour réduire leur empreinte carbone.